Retour sur les Rendez-vous du Patrimoine 2017 qui se sont tenus le vendredi 22 septembre au Château Louis XI de la Côte Saint André
L’idée d’organiser les Rendez-vous du Patrimoine en Isère sur le thème de la couleur a, d’emblée, enthousiasmé l’ensemble des partenaires. Pourtant, la couleur n’est-elle pas considérée par la plupart des gens comme une question avant tout subjective, une affaire de goût, source éventuelle de conflits, qui n’est pas à mettre en débat ?
Cet élément essentiel, généralement peu connu, rarement maîtrisé, complexe, méritait bien qu’on lui consacre une journée !
Un programme riche pour ce rendez-vous accueilli au Château Louis XI de la Côte-St-André par Monsieur le Maire Joël Gullon, convaincu de longue date de l’intérêt de mettre en œuvre une palette chromatique pour rénover son centre ville.
La matinée a été consacrée à des exposés de fond développés par des professionnelles de la couleur : Sophie Garcia, coloriste en environnement et sociologue, puis Marie-Pierre Servantie, « Chromo-Architecte », auteur d’un ouvrage reconnu sur la question.
Un tour d’horizon sur plusieurs continents a permis de rappeler à l’auditoire la place essentielle de la couleur pour l’homme depuis la nuit des temps et dans toutes les civilisations. Marqueur culturel, identitaire, social, climatique, la couleur, utilisée de manière empirique ou raisonnée à partir d’analyses scientifiques, subit indiscutablement les effets de mode et conditionne notre cadre de vie.
Le travail des coloristes, comme pour la plupart des concepteurs, s’attache à réaliser un état des lieux chromatique architectural et urbain pour identifier les caractères simplifiés des sites.
Les approches sont globales, méthodiques, parfois même scientifiques pour échapper aux nuanciers industriels et atteindre la précision des teintes mais également des textures et enduits, qui participent presqu’autant que la couleur à la qualité des réalisations.
Les palettes de couleurs, parfois considérées à tord par les habitants comme des outils arbitraires, sont conçues pour « proposer plus qu’interdire ». Une façade constitue une partie d’un ensemble qui doit composer une harmonie, mettre en valeur une rue, des espaces qui réclament des partis pris d’aménagement débattus en amont avec les décideurs.
Marie-Pierre Servantie considère, quant à elle, que « la nature a tout apporté et que l’homme n’invente rien et tente de l’imiter ». Après avoir rappelé que la couleur n’existe pas en tant que telle, qu’elle est une sensation, une image construite dans notre cerveau, elle développe les mécanismes de perception et de composition de la couleur.
L’approche scientifique éclaire aussi les partis pris des projets, selon que l’on recherche « le mimétisme » en se fondant dans les couleurs de l’environnement, « l’intégration » en recherchant les harmonies complémentaires ou la « mise en valeur » en se démarquant et en affirmant le caractère spécifique d’un élément. Elle démontre que la couleur à le pouvoir de tout transformer et qu’elle doit être utilisée en connaissance de cause…
L’après-midi a été consacré à des retours d’expériences d’associations du patrimoine, rappelant la vertu des pigments naturels, avec des recettes pour réaliser des couleurs et peintures à prix modiques.
Autre retour d’expérience du CAUE sur l’importance du diagnostic préalable et les démarches de consultation de professionnels compétents pour mettre en place une stratégie couleur et matière adaptée à chaque site.
Enfin, un retour sur la démarche méthodique mise en place par la commune de La Côte-Saint-André.
Les nombreux témoignages et échanges avec la salle ont permis d’apprécier la réelle plus-value qualitative d’études préalables ainsi que l’intérêt de tenir un suivi des opérations dans la durée, ce qui réclame une véritable volonté politique, une pédagogie et des compétences techniques de la chaîne des acteurs, du concepteur à l’artisan.
Un sujet éternel qui a fait débat et n’a pas fini de passionner…
(texte rédigé par le CAUE)